En face et à quelques minutes de Puimoisson, au delà de la petite rivière de l'Auvestre, se dresse un mamelon presque complètement détaché du plateau qui s'en va
vers Roumoules. Sa forme conique bien dessinée frappe de suite le regard, et plus encore que sa forme, un petit bois touffu, qui le couronne, dont la masse verdoyante fait tâche au milieu de la
lande déserte et des ravins qui l'entourent.
Elle fut construite à l'époque où des moines, dépendant de la célèbre abbaye de Lérins, vinrent s'installer à Puimoisson (vers 1100), suite à une importante
donation de propriétés faite par une noble dame de Riez nommée Algarade.
Quelques vieux pans de murs de construction ancienne, des restes d'ossements humains, un puits dont l'orifice est comblé sont les plus vieux vestiges d'occupation
de cet emplacement que l'on a retrouvé.
Un seul objet parait remonter à l'époque de construction, un petit bénitier encastré dans le mur sud, à l'endroit où de grosses pierres indiquent ancienne porte
d'entrée.
En 1156, Géraud, évêque de Riez décide que les Hospitaliers deviendraient propriétaires de toutes les églises qui à l'avenir, s'élèveraient sur le territoire de Puimoisson, excluant de fait, les moines de Lérins qui finirent par quitter le territoire.
La chapelle fut dévastée durant les guerres de religions.
En 1603, la date est gravée sur une pierre visible à l'extérieur, des réparations et agrandissements furent effectués. On carrela le sol, on perça une ouverture qui
sert toujours aujourd'hui de porte d'entrée et on condamna la porte latérale. Un bénitier en marbre fut apporté de Fréjus et la cloison qui séparait le grand autel de la sacristie fut reculé. Les
travaux furent achevés en 1626.
Suite à des vols répétés, dus à l'isolement de Notre Dame, des appartements furent construits. Ils comprenaient un rez de chaussée et un étage divisé en plusieurs
chambres, le tout attenant à la chapelle dont le mur, derrière le maître autel, était mitoyen. Claude Touche, de Moustiers, accepta d'être le premier gardien. Il devait aussi servir les messes et
sonner la cloche en temps d'orage.
Après la Révolution, lorsque l'église paroissiale fut remise en état et rendue au culte, des réparations furent aussi effectuées à Notre Dame de Bellevue. En effet,
elle avait été extrêmement dégradée. Les trois autels de la Vierge, de Saint Elzéar et de Sainte Delphine avaient été démolis, les tuiles, les bois et les portes arrachés et volés.
L'édifice nationalisé et mis en vente sous le Directoire fut acquis en 1795 par Dominique Isoard qui s'en dessaisit en 1817 en faveur des habitants de Puimoisson, à
charge pour eux de l'entretenir.
Vingt ans plus tard, de nouvelles réparations durent être faites. C'est à cet époque que fut construit l' autel actuel, en staff avec de grandes colonnes stuquées
au milieu desquelles se trouve la niche abritant l'image de la Sainte Vierge avec l'enfant Jésus, identique à celle qui existait avant la Révolution.
La tête, les mains et les pieds sont en cire et le corps est revêtu d'une belle robe en soie blanche avec une ceinture frangée d'or.
Tout autour de l’édifice, des plantations furent faites : des pins d'Aleps, des chênes verts, des acacias, afin de créer un bosquet tout autour de Notre Dame.
Derrière l'ermitage une avenue bordée de buis fut tracée aboutissant à un tertre sur le sommet duquel on décida de planter une grande Croix.
Elle faisait 4 mètres de hauteur avec un Christ grandeur nature.
Le 29 juin 1840, eut la bénédiction solennelle en présence des prêtres du voisinage, de la population et de 65 enfants admis à la première communion.
Quelques années plus tard , la croix très abîmée par les intempéries fut enlevée et mise à l'abri dans la chapelle.
En 1869, elle fut emmenée solennellement en procession jusqu'à l'église de Puimoisson où elle se trouve toujours, contre le mur du fond, dominant le maître-autel.
Depuis le XIX° siècle, la date du 16 août est celle de la fête principale de Notre Dame de Bellevue. Après la messe a lieu un déjeuner réunissant tous les
paroissiens du village.
Bien entretenue, elle est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.