L’hiver très rude compromet toutes les récoltes ; La misère menace et les impôts augmentent des meneurs attisent le mécontentement. La révolution est en marche.
Les états de Provence sont tenus à Aix le 25 janvier en 1789.
Le maire Jean Baptiste Arnaud et le chevalier Emmanuel de Guignard de Saint Priest, représentant des commandeurs sont présents.
Par affiche, par son de trompe, par annonce à la messe, la population est informée de la convocation des Etats Généraux de Versailles.
Tous les chefs de famille de 25 ans au moins, sont invités dans la chapelle des Pénitents pour rédiger le cahier de doléances : 405 hommes s’y rendent.
L’Assemblée Nationale demande une estimation cadastrale de tous les privilégiés. Deux experts sont nommés (un par commune, l’autre par la commanderie) pour l’estimation des biens de l’Ordre de Malte qui au prorata de cette estimation devra payer une « contribution patriotique ».
A l’assemblée de Brignoles, des députés délégués des municipalités de trois départements de Provence, se réunissent pour soutenir la nouvelle Constitution.
Cette Constitution offre aux habitants de Puimoisson des avantages dont ils ont hâtes de pouvoir jouir :
Suppression des droits sur les fours et moulins
Démolition de la tribune du seigneur à l’église
Suppression des dîmes, droit de chasse pour tous…
Les curés doivent prêter serment à cette nouvelle constitution
En 1791, sur tout le territoire français des hommes sont recrutés pour aller défendre les frontières.
Le contingent de Puimoisson est de 21, ils sont tirés au sort dans la chapelle des Pénitents.
Puimoisson est chef de canton dans une circonscription qui comprend Saint Jurs, Roumoules, Bras d’Asse et Saint Julien.
La population totale de ce canton est de 3753 habitants, il y en a 1600 à Puimoisson.
La misère gagne du terrain, des rodeurs de plus en plus nombreux vivent de mendicité.
Le 13 mai 1792 : 150 citoyens aux idées révolutionnaires plus radicales forment une Société Populaire Patriotique. C’est l’une des 21 créées dans les Basses Alpes avant juin 1792.
Elle comptait 276 membres en 1793, soit les trois quart des hommes de la commune.
Leurs réunions ont lieu tous les dimanches à midi à la chapelle des pénitents.
Ils sont affiliés à Digne et Manosque, eux-mêmes en liaison étroite avec les Jacobins de Paris.
Cette société populaire patriotique a beaucoup d’influence sur le conseil municipal.
Le maire Louis Bœuf fait établir la garde nationale dans le château.
Pour distribuer aux pauvres de plus en plus nombreux et calmer le peuple, il achète du blé.
La loi du 17 septembre débute la vente des biens de l’Ordre de Malte.
L’assemblée municipale achète des biens sur les communes de Puimoisson, Riez, Brunet et surtout le château pour faire un hôtel de ville, l’hôpital, un collège…
Une loi oblige les officiers municipaux à faire l’inventaire des biens de l’église.
Le 1er novembre devient fête civique, sur la grande place devenue place de la république, on chante l’hymne des marseillais puis …on assiste aux vêpres.
Les actes officieux (naissance, mariage, décès) qui étaient tenus uniquement par les religieux sont transférés à la commune. C’est désormais l’officier public qui les gère. Il n’y a aps d’animosité particulière dans ce transfert et la population reste attachée au curé et son église.
A la Société des Amis de la Liberté et de l’Égalité on lit Marat « l’ami du Peuple » mais pour le décès d’un délégué on fait faire une messe.
Les caisses municipales sont vides. Le blé manque toujours, il faut en acheter à Marseille à un prix exorbitant.
Le château a été détruit en 1793 au moment de la
Révolution.
Les Commandeurs étaient extrêmement haï à Puimoisson car ils ont toujours été très durs.
Et, en 1789, la population du village se rebelle.
Un puimoissonnais, Lallemand, est élu maire. Il était jacobin et il décide de vendre le château à Maurel, maçon de la vallée de l’Asse. Il avait trois mois pour le démolir. Ce maçon se servit des pierres pour ses constructions et la population du village aussi, se servit des grosses pierres de taille pour construire ou restaurer ses maisons.
On retrouve ces pierres entourant de nombreuses portes ainsi que des angles de maisons.
40 républicains doivent être enrôlés, ils deviennent des Sans culottes. Les terres des commandeurs sont morcelées et vendues.
Le siège de Toulon a lieu de septembre à décembre 1793 après que les royalistes s'emparèrent de la ville et la livrèrent aux Britanniques.
L’armée de la république gagne contre la ville de Toulon qui était restée fidèle au roi et les Puimoissonnais dansent la carmagnole sur la place de la Liberté.
Trois cloches sont descendues. Elles sont toutes regroupées à Valensole. On garde une seule cloche sur le clocher pour indiquer l’heure.
En 1794, il est interdit de travailler les jours de décade sous peine de poursuites et châtiments. Les dénonciations sont nombreuses.
Prudent le curé préfère se retirer à Riez.
Vexé par ce départ, Allemand lui réclame à plusieurs reprises les trois cordes des cloches que le curé a emmenées dans son déménagement précipité « … il a soustrait des effets appartenant à la république »
Pierre Léger Allemand, le maire, se débaptise et se fait appeler Coriandre Hyacinte Allemand. Il adjure le christianisme.
Quant à l'église, nouvellement appelée Temple de la Raison, après avoir été saccagée, fut transformée en atelier de salpêtre.
Les résultats s'avèrent décevants et la production est abandonnée. Mais dans l'église les dégâts sont importants, le carrelage est pillé et le sol retourné.
On change le nom des quartiers qui portaient un nom de Saint Apollinaire devient la Fraternité Saint Roch la Convention Notre Dame de la Liberté et Saint Sébastien la Montagne.
Dans ces premières années révolutionnaires l’instruction publique a été abandonnée. Un décret de la Convention ordonne l’institution des écoles primaires. Les instituteurs doivent être de fidèles républicains.
En 1795, à la demande de la population, l'église fut rendue au culte.
Le curé qui a prêté serment à la République entreprend la restauration de l’église grâce à l’argent obtenu par des quêtes et des taxes spéciales.Elle fut pavée, l'autel fut relevé de ses ruines, la chaire fut restaurée, un confessionnal construit, la toiture réparée et la porte consolidée. Une taxe de trois livres fut instaurée pour acquérir des ornements et des vases sacrés.
Un aubergiste du village, Salvagy, fit don du grand tableau qui se trouve toujours suspendu au dessus de la grande porte. Le 9 germinal de l'an III (29 mars 1795) la messe fut célébrée.
Le peuple a mis beaucoup d’espoir dans cette révolution mais leurs conditions de vie ne se sont guère améliorées :
Les hommes sont toujours réquisitionnés, les impôts encore réclamés, la misère est toujours la même.
Des brigands armés, regroupés en bandes, terrorisent le pays. Une garde nationale est formée mais inexpérimentée, elle est inefficace.
On fait appel à un détachement de dragons, la population doit les nourrir ainsi que les chevaux. Dans cette période de misère la charge est lourde pour la communauté qui a hâte de les voir repartir. Par peur des représailles, on n'ose pas se plaindre.