"Les lavandes et le réséda"

 Chronique d'un petit village provençal occupé

par les Allemands, en 1944.

 

 

Deux étudiants allemands arrivent en stop dans les Alpes de Haute Provence. A Caussenargues, ils rencontrent un villageois qui parle impeccablement leur langue et les embauche pour cueillir la lavande. Un soir, ils lui demandent pourquoi, lui, Allemand, s'est fixé dans le Midi de la France...Juillet 1944. Les troupes allemandes refluent vers le nord et les Kommandantur sont réduites à quelques hommes. Celle de Caussenargues voit arriver un sergent, Karl Zimmerman et un caporal, Klaus Richter, convalescents de blessures qu'ils ont reçues en Russie et qui n'ont qu'un désir, se faire oublier. Les villageois les accueillent fraîchement, et il n'est pas d'avanies qu'on ne leur fasse subir. Tous les hommes du pays proclament qu'ils font partie de l'Armée Secrète, dont le chef est le maire-directeur d'école, Rebuffel. Celui-ci tient assez bien en main son groupe de résistants, car il veut la paix pour le village. Klaus, un intellectuel, souffre du manque de contact entre les paysans et les occupants, bien que Rose, la fille de Rebuffel ne soit pas insensible à d'innocents bavardages. Aussi saisit-il l'occasion de briser la glace en rendant un signalé service à un villageois. Mais l'insertion des "Boches" dans la vie locale n'est pas bien vue de tous..."

                                              

                                      ON TOURNE EN PROVENCE                                                                                                                         

                                                                                                                  par  M-F MONTUS

Provence Magasine

30 septembre 1975

 

 

PUIMOISSON SE SOUVIENT DE L’OCCUPATION

 

 

Puimoisson. Un petit village de Haute Provence écrasé de chaleur. A l’ombre  des platanes, une partie de pétanque passionnée se dispute sur la place. Animation inhabituelle pour un début d’après midi de juillet. Quelques personnages bizarres rn short et torse nu observent la scène assis sous les parasols d’une terrasse de café. Un autre, jambes nues, chemisette et chapeau de paille, donne des ordres dans un porte voix. Des techniciens s’affairent. Une sonnerie retentit : « silence !». Une caméra avance : « Action !».

On tourne. Jean Prat et l’équipe de production de FR3 Marseille font revivre aux habitants de Puimoisson les derniers jours de l’occupation allemande. Une dramatique d’après un scénario d’Alexandre Rivemale « Les lavandes et le réséda ».

 

 

L’histoire d’un village

 

L’auteur du scénario connait bien Puimoisson. Les parents de sa femme y habitent. Depuis des années, il entend raconter les déjà vieilles histoires de maquis et d’Allemands. L’idée lui vient d’écrire cette chronique à peine romancée, d’un village à la fin du printemps 1944. Deux soldats allemands, de retour du front russe, sont en garnison dans ce coin tranquille des Alpes du Sud. Le paradis . Ou presque, car les gens du pays les boudent. Il faudra un incident banal, le sauvetage d’une villageoise, pour qu’ils s’intègrent enfin à la communauté de Puimoisson. L’un des deux soldats : Klaus (Georges Claisse) gagne même le cœur de Rose, la fille du maire. Après bien des péripéties, il s’installe définitivement dans le pays pour y cultiver la lavande. Trente ans plus tard, Klaus raconte à un jeune couple d’Allemands en vacances comment il est passé du réséda (couleur de l’uniforme des soldats Allemands) aux lavandes bleues de Provence.

 

Georges Claisse et Anne Lignais
Georges Claisse et Anne Lignais

Rose, l’enfant du pays

 

Jean Prat cherchait une jeune fille –fraîche et innocente- pour jouer Rose. Un seul moyen : les annonces. Anne Lignais, étudiante en lettres à Aix-en-Provence, passe ses vacances à Puimoisson, où vit son grand-père. Ses amis lui disent « Tu devrais présenter ta candidature ». Elle n’y croit pas beaucoup et n’a d’ailleurs, qu’une seule passion : la musique. Pendant huit ans, elle a parcouru le monde avec la chorale « Gabriel Fauré ». A présent, elle ne rêve que de rythmes brésiliens et a créé un petit orchestre avec une bande de copains. Sa mère envoie tout de même sa photo. Et la voilà choisie parmi une centaine de jeunes filles. Rien n’a changé pour Anne cet été. Ses examens passés, elle est partie en vacances à Puimoisson comme chaque année. Mais elle ne fait plus de grandes randonnées à bicyclette sur le plateau de Valensole. Elle passe de longues heures en attente sur le plateau du tournage. De son accent chantant de méridionale, elle commente : « C’est amusant de jouer la comédie mais pour le moment, je n’ai pas dit grand-chose. Je regarde et j’attends. » Toute la famille Lignais participe à l’aventure. La mère d’Anne tient le rôle de sa fille, trente ans plus tard. Quant au grand-père de 87 ans, un peu jaloux de l’importance prise par les femmes, il est allé s’inscrire pour un rôle de figurant.

 

 

Les habitants se souviennent

 

Le vieux grand-père d’Anne Lignais n’est pas le seul à participer au tournage. Une centaine d’habitants –sur 400 que compte Puimoisson- servent de figurants dans « Les lavandes et le réséda ». M Raymond Donati tient le bureau de tabac du village mais pour les besoins de l’histoire, il a enfilé la blouse de chauffeur de car qu’il portait pendant la guerre. « Je faisais le trajet de Manosque à Moustiers deux fois par semaine. Dès 1942, la Résistance s’était organisée dans le coin et j’ai été sollicité pour y participer. Au début, j’ai commencé par transporter des tracts, puis des armes. J’allais à la gare et je chargeais des caisses numérotées. Les Allemands n’étaient pas bien méchants dans notre région. Je me souviens même qu’un soldat faisait danser les gens du pays au son d’un harmonica. Mais à la fin, il y a eu un accrochage, une bagarre entre les différents groupes de résistants. D’un côté les FFI de l’autre les FTP. Il y avait des hommes courageux dans le maquis, mais il y avait aussi beaucoup de têtes brûlées et certaines attaques intempestives des Allemands ont entraîné de terribles représailles sur la population ».

Le cabaretier vient se mêler à la conversation : « Nous, à Puimoisson, nous ne pouvons pas nous plaindre. Mais à Allemagne, les « pauvres », - il s’agit d’Allemagne en Provence, u petit village situé à une dizaine de kilomètre de Puimoisson - les occupants ont pris des otages et ont massacré des jeunes gens sous les yeux de leurs parents ! »

Les deux hommes se souviennent à la fois attristés et rajeunis par l’évocation de cette époque. La pause est terminée. M Donati éponge son front et remet sa casquette de chauffeur. Un chauffeur authentique, comme le sont les vieux vélos traversant la rue. Il va reprendre sa place au milieu des figurants de la partie de pétanque. Son nouveau métier l’amusait au début : « Maintenant, nous trouvons le temps un peu long. Des heures de répétition pour trois ou quatre minutes de film. » Jean Prat est, aux dire des acteurs travaillant à ses côtés, un homme méticuleux. Aucun détail n’échappe à son œil vigilant et il aime que chaque plan soit parfait. Mais il a horreur de perdre un temps précieux en répondant à de fastidieuses questions. Sollicité pour une interview, il fut bref et précis : « Je n’ai pas une minute et rien à dire ».

 

Il faut le souhaiter plus prolixe une caméra à la main.

Générique

Jean PRAT

Réalisateur

Alexandre RIVEMALE

Scénariste

 


Georges CLAISSE 

 Klaus 

Anne LIGNAIS

Rose

Gernot DUDA

Karl


Jean PIGNOL 

Rebuffel

Armand MEFFRE 

Delmas

William SABATIER

Cabasson


Richard MARTIN 

Audibert

Jean TOSCAN

Vignon

Dominique ROLLIN

Alexis


Isa RAMBAUD

Mme Delmas

Albert ROBIN

Caffarel

Tania SOURSEVA

Mme Muraire